Cette tentative constitue pour moi un passage obligé, une sorte de glissement du réel destiné à rompre avec une attitude contemplative de la nature. L’action n’a pas d’ambition narrative car rien n’est écrit à l’avance et l’idée émerge souvent du lieu prospecté. Je pense que l’espace préfigure l’action à venir donc j’évite de scénariser l’approche afin de développer l’énergie contenue dans l’endroit choisi. Je me contente d’appréhender une limite constituée par la géographie du lieu investi (marais, bords côtiers), la technique employée (appareil photo numérique) et moi-même. Cette sorte de matière cosmique constitue un ensemble de pistes nouvelles, nécessaires à l’évolution de mes travaux dont le mouvement était absent. Néanmoins, certaines vidéos sont aussi des projets d’installations car je m’intéresse à d’autres modes de projections pouvant modifier la texture de l’image. Cette expérience me pousse à réfléchir sur un déplacement spatial et une gestuelle en relation avec la capture d’images in situ. Quelles que soient les saisons, je teste les limites de prises de vues situées entre la fixité totale maintenue en apnée et celle qui consiste à se déplacer selon certaines trajectoires à vitesses variables. Le site ainsi parcouru est prétexte à créer une nouvelle matière visuelle modifiant la perception du lieu de manière radicale. Ces traces qui suggèrent des phénomènes comme l’apesanteur, la vitesse ou le vide révèlent certaines propriétés contenues dans la nature et l’espace. La lumière comme celle des éclairs ou de la lune sont d’autres éléments qui participent activement à rendre un lieu apparemment insignifiant en quelque chose de nouveau. Ces recherches s’inspirent du chaos d’où l’univers naquit et dont l’immobilité apparente n’est qu’un leurre.

 

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