Mes préoccupations plastiques, liées à l’architecture dans le sens construction du terme, sous-tendent un rapport entre l’individu, l’œuvre et l’espace : l’individu non plus comme simple spectateur mais comme acteur en prise directe avec ce qu’il voit. C’est en jouant avec les modes traditionnels de la perception que je fais intervenir le regardant dans mon travail : s’interroger sur ce que l’on voit et se déplacer pour le comprendre me plait. Je porte un intérêt particulier aux phénomènes perceptifs et aux comportements humains qui en découlent. Je me situe dans l’intervalle réduit des habitudes du regard sur lesquelles je joue afin de perturber un jugement immédiat. Par ma démarche basée sur un registre de codes simples utilisés au quotidien par chacun d’entre nous, je déroute le visiteur en travaillant sur la notion de doute : c’est par le doute qu’il s’interroge sur la réalité physique de ce qu’il voit car ce qu’il perçoit n’est pas forcément ce que je lui montre. Seule notre curiosité et notre comportement face à l’œuvre peuvent nous donner des pistes. L’interprétation finale revient à celui ou celle qui vit l’expérience et en aucun cas, il ne m’appartient de dire qu’il existe une seule voie possible. Celui qui regarde est pour moi l’élément indispensable à la mise en route d’un processus complexe dont la clé n’est pas dans l’apparence des choses. J’agis parfois comme un architecte en réalisant des plans mais j’utilise aussi des codes empruntés à la peinture et à la sculpture. Il s’agit d’une recherche où l’aspect visuel de la surface prime la forme. Même si le volume entretient un rapport au corps différent de celui de la surface, la matière est pour moi source d’émotions : quelle que soit la forme que je lui applique, elle conduira forcément à un ressenti. Je précise cela car j’ai réduit la forme à sa plus simple expression. C’est un support expérimental auquel j’applique régulièrement des modifications de textures destinées à conduire l’individu vers certaines sensations, même si j’affirme que l’extérieur visible n’est que le reflet de ce qui existe à l’intérieur. Sans cesse l’un renvoie à l’autre et il est important de saisir que mon travail est une interaction dynamique entre la peinture, la sculpture et l’architecture.

 

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