Mes recherches ont pour principale source la nature portée par la terre et ses éléments constitutifs qui sont l’eau, la lave, l’air et le cosmos dont elle fait partie. Sur terre j’arpente des endroits qui expriment la désolation comme les marais, bords côtiers ou landes. Ces espaces vides de présence humaine portent en eux la trace du temps et sont pour moi d’ordre originel. La photographie comme outil me sert à créer une sorte d’inventaire révélant la singularité des lieux rencontrés. Je capte des instants furtifs de lumières propices à transformer l’aspect de l'endroit photographié. Pour cela j’intègre parfois mon ombre à l’espace saisi afin que l’image glisse naturellement vers un univers où le sens n’est plus celui qu’exprimait ce lieu à l’origine. Lorsque je photographie la surface de l’eau, je m’intéresse au reflet mais aussi à ce qui est contenu dans l’eau : j’isole la matière visible dans son épaisseur et j’organise mon travail de façon à évacuer dès la prise de vue toute recherche d’effets. C’est plutôt la spécificité du lieu qui m’attire, sa particularité, sa force. Ces traces prennent ensuite la forme d’images ou de volumes qui d’une manière générale s’incorporent dans un dispositif censé plonger le visiteur dans l’œuvre et l’univers qui la caractérise. J’expérimente aussi sous le mode de la vidéo une approche dynamique du milieu naturel visité impliquant un déplacement instantané dans un espace parcouru et regardé en détail.
Mon travail est la conséquence d’une observation constante et précise des zones humides communément appelées marécages. Dans ces marches aquatiques, j’ai découvert qu’il était possible d’extraire de cette masse liquide certains détails révélant un sens caché subaquatique. Mon geste après la capture photographique consiste par le format, l’épaisseur et la matière à révéler ce sens décalé pouvant procurer une émotion et un sentiment de prégnance.

 

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